Voyage
en Océanie
Je grimpe quatre à
quatre les marches de l’escalier en bois du Grand A pour me mettre à l’abri. Le
vent devient chaque minute plus violent et couvre la musique du lieu.
Finalement, je suis heureuse de cet imprévu climatique. Ce petit restaurant
accueillant au bord de la plage au sable blond et si doux va me permettre de me
restaurer et qui plus est de goûter, ce dont je rêve depuis plusieurs jours, à
un poisson fraîchement pêché dans des filets blancs. Pour clore ce repas, quelques
tranches de ce bel ananas posé dans la soucoupe en bois sur la table à laquelle
je me suis assise, fera l’affaire. Le lieu, comme la perspective d’un bon
repas, me transporte dans une joie apaisante.
Par la fenêtre en forme
de triangle, je regarde la mer d’un bleu électrique dont les vagues s’écrasent
bruyamment sur la plage. Un cerf-volant rouge ondule en spirale tel un appât
pour Éole ou une offrande à ce dieu impétueux.
Ce voyage n’est pas une
arnaque, c’est la découverte fantastique d’un nouvel espace, un immense O au
milieu de l’océan, couvert de I verts et de E désertiques. Même si un âne ne
voudrait y vivre pour rien au monde, j’y découvre à chaque pas des richesses
insoupçonnées. J’effeuille les jours comme une fleur, y associant à chaque
pétale, une empreinte journalière : cascade, soleil, aviron, constellation,
visage, sourire… images, odeurs, sons mélangés au rythme des heures.
Dans un petit carnet, j’ai
décrit depuis le début de mon périple, ces souvenirs, laissant quelques zones
pour y insérer des photos ou quelques esquisses, plus tard. J’ai aussi glissé
des feuilles, un peu de sable, des épices, des pétales… une myriade de bonheurs
simples.
Je scrute encore le
ciel gris dans lequel de grands C volent en bandes malgré les courants d’air,
essayant de se poser sur les appendices formés par les débris de tous ces N de
la précédente tempête.
Les odeurs de cuisson commencent
à enivrer mes narines, éveillant mes papilles. Je suis maintenant impatiente
que le grand E du Grand A m’apporte mon assiette, ce poisson à la chair tendre cuite
dans la braise, enroulé dans des feuilles de bananiers et qui va devenir la prochaine
trace de ce voyage, voyage généreusement offert par mes amies scribouillardes.
Au prochain atelier d’écriture,
je pourrai leur narrer mes aventures rocambolesques en OCÉANIE en espérant les
entraîner, comme vous, comme moi, dans un tourbillon délirant et coloré, aux
mille surprises de ce continent.
© Claudine Mistral, 14 mai 2013, Mimet